Conférence du 8 mars dernier en hommage à Gisèle Halimi

Au départ, il y a La Goulette, le quartier juif de Tunis qui l’a vue grandir. Toute l’histoire de Gisèle HALIMI peut se résumer en ces vers de Paul ELUARD dans sa Poésie ininterrompue, par lesquels Gisèle HALIMI ouvrait en 2006 son livre intitulé La Kahina :
«Je veux savoir d’où je pars
Pour conserver tant d’espoir,
Mes origines sont les larmes
Et la fatigue et la douleur».

Nulle n’était plus légitime que Gisèle HALIMI pour écrire l’histoire de la Kahina, reine guerrière kabyle du VIIème siècle et héroïne d’un combat donné pour perdu.
Pouvait-il y avoir, en cette France du début des années 1970, combat plus «donné pour perdu» que ce procès de Bobigny où Gisèle HALIMI plaidait pour un droit légitime que revendiquaient toutes les femmes ?
Dans le prétoire, à l’instar de la Kahina, la reine guerrière tunisienne en robe noire, Maître Gisèle HALIMI du Barreau de Paris, arracha elle aussi la victoire.
Gisèle HALIMI ne venait pas des Aurès qui avaient vu les combats victorieux de la Kahina. Mais, comme elle, notre consœur avait su porter ses combats en Algérie pour défendre une jeune femme, Djamila BOUPACHA, militante, et dont le nom est devenu celui de toutes les Algériennes.
Gisèle HALIMI m’avait fait l’honneur d’accepter de participer au numéro spécial de la Gazette du Palais consacré au centenaire du Barreau de Tunisie en 1998. Elle avait intitulé son article «Des Shéhérazade devenues citoyennes».
Elle écrivait :
«[…] la Tunisie (mon pays d’origine) a su quelquefois prendre de vitesse, en matière d’égalité entre les sexes, un autre pays civilisé, moderne et avec lequel elle coexista le temps d’un Protectorat : la France».
Je dois vous confier que nos échanges, même brefs, restent gravés en moi, et ses mots ont contribué à faire de moi une avocate franco-tunisienne, suivant de mon mieux la voie qu’elle a tracée.
En ce 08 mars, notre première Journée internationale des Droits des Femmes sans Gisèle HALIMI, je tiens à remercier tout particulièrement l’Ordre des Avocats au Barreau de Paris d’avoir convié l’Association des Avocats Franco-Tunisiens à prendre la parole.
Notre association sera représentée par quatre de nos membres, ambassadrices de l’héritage invincible de Gisèle HALIMI, parmi lesquelles nos deux Membres d’Honneur, nos consœurs Dominique ATTIAS et Bochra BEL HAJ HMIDA.
Née à Tunis, issue d’une famille tunisienne, Madame la Vice-bâtonnière Dominique ATTIAS est une femme engagée pour les droits des mineurs et la défense des femmes victimes de violences. Active en France et à l’international, elle est Vice-présidente de la Fédération des Barreaux d’Europe. Elle prendra la parole aussitôt après cette présentation.
Ensuite, nous entendrons une grande militante tunisienne, Madame Bochra BEL HAJ HMIDA, qui a également été députée, tout comme Gisèle HALIMI, et a connu en Tunisie «son» procès de Bobigny en défendant, en 2012, une jeune femme violée par des policiers, victime et pourtant poursuivie pour «atteinte à la pudeur».
Lui succédera une jeune consœur, Alia JENAYAH, avocate tunisienne inscrite au Barreau de Paris. Lors des élections de 2011 qui ont suivi la révolution, elle s’est engagée au sein du réseau MOURAKIBOUN en tant qu’observatrice électorale, afin de contribuer à la transition vers l’Etat de droit en Tunisie.
Enfin, c’est une autre jeune Tunisienne qui conclura notre intervention, Nour el Houda BEY, brillante étudiante au Collège d’Europe à Bruges et blogueuse au Huffington Post Maghreb.
Ces trois femmes qui s’exprimeront représentent on ne peut mieux l’héritage de Gisèle HALIMI, femme de droit des deux rives.

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